• Grenade

River Antoine Rum Distillerie

Lundi 8 octobre 2018    St George Grenade

 

Aujourd’hui au programme il est prévu de visiter une rhumerie en activité. A Grenade  la canne est coupée toute l’année, pas de période comme en Martinique et Guadeloupe, Chloé a été chargée de contacter les diverses distilleries. Plusieurs distilleries mais la majorité sont implantées dans le sud de l’ile.

Nous voilà tous regroupés dans le taxi de Glenn, notre chauffeur attitré à Grenade. Mais lors du parcours nous nous apercevons que la route nous est familière, nous sommes déjà passés par là. Effectivement nous prenons la route du nord !!! Par les différents appels téléphonique la seule rhumerie qui aujourd’hui est en production est celle de « River Antoine », celle que nous avons déjà visité mais qui n’était pas en production le  samedi de notre visite.

Ce n’est pas grave nous avions bien aimé l’endroit. « River Antoine Rum Distillerie » au nord-ouest de l’île sur la paroisse de St Patrick.

Le fait d’y être déjà passé nous permet de ne pas subir le choc de la découverte de cette partie de l’ile, mais de revoir certains paysages autrement. Nous pouvons rester plus de temps sur une vue ou une case endommagée voire complètement abandonnée. D’apprécier la mer coté Atlantique, de regarder différemment les restes d’une assise de maison, cet escalier qui ne mène nulle part, ces piliers au milieu du champ la partie supérieure a dû être volatilisée par Ivan ou les travaux ce sont arrêtés là faute de matière première.

 

« River Antoine Rum Distillerie« est la plus ancienne rhumerie de l’île, mais également des Antilles, elle fonctionne depuis 1785. Elle a gardé son coté original par le fait que la technique de production n‘a pas du tout évolué.

Seuls quelques éléments « modernes » ont été ajoutés. Les tuyaux de fonte ont été remplacés par d’autres en PVC. Le chargement de bacs de stockage des liquides ne se fait plus au seau mais par un circuit sous pression aidé par des pompes électriques. Pas de quoi altéré la qualité mais surtout faciliter les manipulations.

Les bacs de fermentation ne sont plus en bois (gros tonneaux) mais en ciment.

La récolte

La canne est récoltée toute l’année ce qui permet ce travail « artisanal » contrairement à d’autres iles ou d’autres distilleries où la récolte est faite sous forme de « campagne ». La Martinique ne fait qu’une récolte pour avoir droit à son AOC, par contre  la Guadeloupe en fait 2, mais cette campagne est réalisée pendant la période sèche soit de janvier à mai.

Le broyage

Nous refaisons le circuit que nous avions déjà vu mais cette fois avec un guide qui nous donne toutes les explications du processus.

La roue hydraulique à aube est alimentée par un bief de la rivière provenant du lac Antoine elle tourne lentement. Celle-ci entraine une presse à rouleau. Un tapis amène les « bottes » de 50cm environ contenant une dizaine de bâton de canne à sucre, soit l’équivalent 1 à 2 cannes selon la grosseur.

Le chargement est manuel, Matéo et Ethan donne un coup de mains.

Chaque botte donne 1l de rum dit le guide mais je pense que c’est plutôt de jus. Ici on ne dit pas vesou pour le nom du jus. Par contre le résidu de la canne pressée est appelé bagasse comme dans tout l’Arc Antillais.

Le chargement de la bagasse dans le chariot est lui aussi manuel, le personnel se relaie pour cette tache ingrate. 

Le jus ou vesou tombe dans un caniveau pour être acheminé dans la salle de concentration.

La concentration

Le jus est dirigé vers des concentreurs, bassins semi-circulaires en fonte chauffés par la bagasse. Le circuit concentre de plus en plus le jus qui est, au dernier stade, envoyé dans les cuves de fermentation. Il y a une différence entre la saison sèche (de janvier à mai) et la saison humide (de juin à décembre), la concentration de sucre dans les cannes est plus importante lors de la saison sèche et nécessite un moindre chauffage pour la réduction de la teneur en eau. Lors de la saison humide on adjoint au jus avant fermentation de la mélasse (résidu de distillation de l’alambic) des distillations précédentes.

La fermentation

La fermentation naturelle se fait sans adjonction d’accélérateur. La durée est d’environ 8 jours.

La distillation

Celle-ci est faite via des alambics chauffés avec du bois « dur », pour différencier de la bagasse.

Les vapeurs sont concentrées dans deux condensateurs successifs. Je n ‘ai pas pu savoir si ceux-ci étaient en serpentins ou à plateaux. Toujours est-il que le degré d’alcool s’élève pour obtenir un distillat d’alcool suivi d’une queue de distillat d’eau.

 

Après le deuxième concentrateur, lorsque de degré d’alcool voulu est obtenu le distillat (vapeur) est dirigé vers un serpentin en parti froidi par l’eau de la rivière.

En effet la vapeur chauffe le volume-réfrigérant qui fatalement refroidit moins. Aussi une partie de l’eau est renouvelée pour obtenir une «concentration «  correcte. Les quelques vapeurs encore en suspension sont condensées dans le dernier serpentin qui lui est dans le bassin où coule l’eau du bief qui a servi a broyé les cannes. Le circuit d’eau est complet depuis le bief de la rivière jusqu’au refroidissement où l’eau repart à la rivière.

Deux formes différentes de rum sont produites.

Le titrage de l’alcool local est de 69° et 75°, 84,5° à St Vincent, mais ces titrages ne permettent pas l’exportation.

Problème de législation internationale?

Un titrage respectant « La Loi » est fait à 69°. 

Ces degrés trop élevés ont donné des variantes  à 40° plus en rapport avec le marché international :

le « soft rum » coupé avec de l’eau,
le « dark rum » lui aussi coupé avec de l’eau auquel on a adjoint du sirop de mélasse pour la couleur.

Personnellement ces « soft rum » ne peuvent concurrencer  les rhums de la Guadeloupe ou de la Martinique sur le plan gustatif.

La dégustation

Nulle visite ne se termine sans passer par la phase dégustation et bien sûr achats.

La dégustation des rhums à 84,5°, .c’est quand même assez chaud mais buvable. Ici le rum se boit avec 2 verres, un contenant le rum et l’autre de l’eau. Les locaux boivent le premier verre puis, après ingestion ils boivent le deuxième. Nous faisons pareil.

 

Cet article est resté en phase oubli presque 6 mois, dans l’attente d’une connexion internet mais comme il est dit pour le rhum : « Le rhum  est meilleur si il est vieux. »

 

Il nous a été donné de passer devant les autres rhumeries que nous voulions initialement visiter, « Grenada Distillers » notamment, nous y aurions perdu énormément. Celle-ci  ressemblant plus à une raffinerie dans un hangar, c’est un site industriel où le port du casque est obligatoire. Aussi nous ne regrettons pas d’être revenu à « River Antoine », le parc est très agréable pour se promener.

La vidéo vous donnera un aperçu plus complet de la fabrication mais aussi la découverte de cette distillerie aux méthodes artisanales.

Video Youtube

 

Cette seconde visite nous a permis aussi, la phase de découverte étant passée, de voir la vie le long de la route, mais aussi de s’attarder sur la vie à Grenade avec notamment du port de l’uniforme. 

On peut voir à la sortie de l’école, les élèves avec l’uniforme qui est très typé. Chaque école a son uniforme, mais toujours très strict. Les garçons, pantalon sombre, chemise blanche et cravate sombre. Pour les filles, jupe droite ou plissée, chemisier blanc avec ou sans gilet de couleur, chaussettes montantes ou basses mais blanches, ruban dans les cheveux de la même couleur que le chemisier. Tous les élèves sont dans la même tenue pas de mélanges possibles entre écoles et tout le monde est au même niveau vestimentaire.

A St George, capitale de Grenade, la tendance est plutôt au tee-shirt ou polo avec flocage de l’école.  

De même les employés dans les magasins ou entreprises ont tous l’uniforme très british pour certains mais du moins un polo aux marques des sociétés, dirigeants inclus avec le badge d’accès, avec photo, en plus pour certains. Pas de confusion possible avec le client.

Hormis ce voyage spécifique, pour visiter Grenade nous nous déplaçons en taxis collectifs, le tarif est intéressant pour 2,50$EC (0,80€) vous faites le tour de la ligne et pour certains retour compris. Cela vous permet de pouvoir revenir uniquement sur les lieux qui nous intéressent. Pour l’ile de Cariacou le tarif est de 3,50$EC.

Video Youtube