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Ce matin nous continuons l’exploration du Nord Martinique, après Morne Rouge nous allons jusqu’à Grand Rivière là où la route s’arrête, terminus il faut faire demi-tour. Son surnom « le bout du monde ». Un sentier relie Grand’Rivière au Prêcheur sur la côte Caraïbe.
Cette partie de Martinique était une ile, un massif volcanique, le Mont Conil qui a surgi de l’eau entre 1 et 0,5 Ma. Le massif de la Pelée est venu combler ce vide, entre le morne Jacob, les Pitons du Carbet et le Mont Conil, il y a 0,4 Ma. La route à flanc de montagne, serpente le long de la côte, elle est très étroite, sinueuse, souvent des éboulements tombent sur la route, il faut rester prudent. On passe tantôt du flanc de montagne, avec en prime une vue sur l’ile de la Dominique, tantôt dans la végétation tropicale.
Deux ponts métalliques, dits « type SNCF », dont le plus long est de 67 m pour 5,7m de haut. Il s’avère être le plus long de Martinique, il permet de franchir la rivière « Potiche », qui fait la rupture entre les massifs du Mont Conil et de la Pelée. Depuis 1963 il relie Grand’Rivière aux autres communes.
Sainte Catherine d'Alexandrie
La commune de Grand Rivière compte moins de 700 habitants, on les appelle les « Riverains ». Bien qu’isolée et pas accessible, on trouve son histoire à la fin au XVII° sc avec le « Père Labat ». (Un lien vers un article dans lequel je parle du Père Labat mais à Marie Galante.)
Le Père Labat est arrivé en Martinique en janvier 1694 il rejoint d’autres religieux à la paroisse de Macouba, voisine de Grand’Rivière mais rattachée à la paroisse du Précheur. Le Père Labat raconte dans ses écrits : » Nous allâmes dire la messe à une petite chapelle qui est de l’autre côté de la Grand’Rivière (…). Le père jésuite du Prêcheur y vient dire la messe deux ou trois fois l’année. » L’Histoire dit aussi qu’un jour un esclave ayant été mordu par un serpent, son état étant critique le Père Labat a été appelé pour le confesser, l’esclave guéri, il avait été soigné par un autre esclave ayant des préparations connus de lui seul.
La chapelle a été agrandie en 1877 et placée sous la protection de Saint-Catherine d’Alexandrie. L’église est détruite par un ouragan en 1891, elle a été reconstruite mais elle n’a pas été touchée par l’éruption de la Pelée.
Mémorial aux Résistants et Monuments aux Morts
En sortant de l’Eglise, sur le mur du cimetière des plaques commémoratives en l’honneur des Enfants du pays, mort pour la France durant les 2 Guerres Mondiales. Mais juste à côté une plaque rappelle le départ de jeunes Riverains partis sur de simples barques de pêche, vers la Dominique et Sainte Lucie. Ils voulaient combattre auprès des Forces Francaises Libres.
Grand'Rivière lieu de résistance en 39-45
Lorsque l’armistice est signée le 22 juin 1940, la Martinique est placée sous l’autorité de l’amiral Robert, rappelé de sa retraite, il est nommé pour la zone Antilles-Guyane-St Pierre et Miquelon comme représentant du régime de Vichy. Grand Rivière va devenir une plaque tournante de la résistance martiniquaise. En 1942, l’amiral accompagné d’un archevêque viennent retirer les drapeaux républicains pour des drapeaux avec une « croix ». Ce remplacement ne plait du tout aux Riverains et une rixe va opposer les partisans de Robert et les Riverains.
L’amiral crée un poste de douanes à Grand’Rivière car sa situation géographique facilite le marché noir entre martiniquais et dominicains. Ce poste permettra de réguler les réceptions/expéditions de marchandises. De nombreux incidents éclatent entre douaniers et contrebandiers mais ces derniers sont soutenus par la population. En effet les planteurs décident d’augmenter la production de sucre et de rhum pour faire de gros bénéfices. Mais cette surproduction se fait au détriment des cultures vivrières. L’avitaillement de métropole par bateaux n’arrive plus dans les ports. La famine s’installe en Martinique, les Anglais afin de protéger les iles anglo-saxonnes aux alentours font un blocus des iles.
Les résistants antillais à bord de barques de pêche, rejoignent les iles de Dominique et de Sainte-Lucie où des représentants de la France Libre les prennent en charge. Ils passent tout d’abord par les USA où ils sont entrainés puis ensuite vers l’ Angleterre. En 1943 ils sont envoyés en Afrique du Nord mais c’est surtout pour la libération de la Provence avec Marseille et Toulon qu’ils sont reconnus pour leurs faits d’armes.
Plus de 5000 hommes et femmes n’ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour défendre la France.
En 2009 lors d’un voyage en Martinique, Nicolas Sarkozy les reconnait comme « Résistants ».
Si vous voulez connaitre ma source « AZMartinique« , pour en savoir plus sur le sujet, cliquez ici mais aussi sur Slate d’où provient la photo.
Ballade dans Grand'Rivière
Avant d’aller au port on se balade dans le village, on peut admirer d’anciennes maisons restaurées. Le célèbre restaurant « Tante Arlette », nous y avons séjourné lors d’un précédent voyage, mais nous ne sommes arrêtés cette fois-ci, « le restaurant n’est plus à la hauteur » il nous a été fortement déconseillé.
Une route grimpe, une statue, on en trouve partout de ces petites élévations religieuses le long des routes, celle-ci est indiquée comme « statue des pêcheurs ».
A un autre endroit, mais ici avec un point de vue sur l’anse, une ancienne chapelle avec sa croix, « chapelle des pêcheurs ». C’est une ancienne église du XVII° sc.
Le village est en fer à cheval autour du port, la mer est omniprésente, la Dominique se détache à l’horizon.
Le port de Grand'Rivière
En descendant vers le port on aperçoit les hautes falaises volcaniques qui tranchent sur le bleu de la mer. Toute l’activité de la cité se fait autour du port de pêche. Il est en travaux, une jetée a été construite pour le protèger d’un ensablement. Les vagues viennent se fracasser sur la jetée elles passent par-dessus, nous mouillent au passage. Un très joli spectacle qui nous rappelle la corniche vendéenne.
La balise rouge de l’entrée du port parait bien frêle dans la houle.
Les barques de pêche sont appelées « gommier », du même nom que l’arbre, une espèce d’eucalyptus.
La plage de Sinaï
Une plage de sable noire comme toutes celles au pied de la Pelée. A coté du port elle a été agrandie lors de l’aménagement du port de pêche. Les vagues sont assez houleuses, il est conseillé de baigner au bord de la plage et de ne pas trop s’aventurer à cause des courants.
Sur la route du retour, nous passons devant l’église Saint-Anne de Macouba, là où a officié le Père Labat lorsqu’il est arrivé en Martinique. Nous nous arrêtons pas car pour retourner au Marin il faut au moins 3h00. Il y a encore pas mal d’endroits à visiter avec notamment la pagode chinoise et la Distillerie JM.